Une synthèse de 10 ans d'activité dans le conseil "énergie-CO2"

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Combien de CO2 pour construire son logement ?

Dernière version : février 2013

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Lecture rapide - Résumé de cette page

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On peut construire en béton, en maçonnerie, ou en bois. Ces trois procédés correspondent à trois scénario CO2 très différent :

  • Béton armé : 600 kg CO2/m² dont 400 kg CO2/m² pour le gros oeuvre.
  • Maçonnerie traditionnelle - brique creuse, terre cuite, parpaing : 400 kgCO2/m² dont 200 kgCO2/m² pour le gros oeuvre
  • Ossature bois, pas de dalle béton au sol : Les 200 kgCO2/m² sont à porté de main.

Une fois le choix constructif retenu, pour connaitre la charge annuelle du logement par an et par personne, on fait le calcul suivant :
Le logement fera 100 m², et engendrera entre 20 et 60 tonnes de CO2 selon le mode retenu. On décide de l'amortir sur 40 ans (car de nombreuses constructions urbaines construites dans les années 60 ont déjà disparu de l'horizon), la charge annuelle sera donc située entre 500 et 1500 kgCO2/an. (100 m² x 600 kgCO2/m² = 60 tCO2 réparties sur 40 ans = 60 tCO2 / 40 ans = 1,5 tCO2/an = 1500 kgCO2/an)

Ce logement de 100 m² est conçu pour 2 personnes (c'est la moyenne en France aujourd'hui, 50 m²/personne) La charge CO2 de la construction est donc située entre 250 et 750 kgCO2/an/personne selon le procédé choisi (béton ou bois).

C'est cette valeur qu'il convient de mettre en perspective avec le budget global visé en 2050, soit 1400 kgCO2/an/personne pour se loger, se déplacer, se nourrir et assurer le reste.

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Lecture approfondie
Construire un logement : combien sa pèse (en CO2) ?

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Le cas des logements neufs – à construire d’ici 2050 : le poids CO2 de la construction

Nous avons réalisée en 2009 un travail de recherche pour l’ADEME afin de mieux connaitre le contenu carbone des bâtiments BBC (logements neufs) sur l’ensemble de leur cycle de vie, donc principalement la construction et l’exploitation. En synthèse de cette étude nous avons réalisé un petit utilitaire de calcul pour permettre aux Maîtres d’Ouvrages de cerner rapidement les enjeux CO2 d’un projet immobilier : comment construire, quelles sources d'énergies choisir pour le chauffage, l'eau chaude, et l'éléctricité.

Il est ressorti principalement de cette étude que :

  • les maisons étudiées, disposant dans l’étude de 92 m² de surface habitable et construites en maçonnerie traditionnelle (parpaing et béton cellulaire) pour les murs mitoyens, et ossature bois pour les facades. Il y a une dalle en béton en RdC, un plancher béton au 1er étage, et des fondations en béton. L'ensemble aura émis environ 440 kg de CO2/m² pour la phase construction.

    Les émissions de ce projet (206 tCO2 pour 464 m² habitables) se répartissent comme indiqué dans l'histogramme ci dessous (le poste "autres matériaux" rassemble tous les corps d'états secondaire - peinture, cloison, éléctricité, plomberie,...) :

  • Figure 1 : Répartition des émissions par poste - 5 maisons BBC au Havre


  • Les appartements (R+4) de 75 m² habitable chacun, construits en ossature béton (dalle et voile) ont engendré pour la construction environ 590 kg de CO2 par m².

    Les émissions de ce projet (1420 tCO2 pour 2433 m² habitables) se répartissent comme indiqué dans l'histogramme ci dessous :

  • Figure 2 : Répartition des émissions par poste - 32 appartements BBC au Havre


  • Une évaluation des marges de progrès portant principalement sur la réduction des quantités de béton et le remplacement d’une part significative des maçonneries par une ossature bois permettrait d’atteindre dès à présent une émission induite proche de 220 kg de CO2 par m².

  • A titre d’illustration, des immeubles jusqu’à R+8 existent en Europe avec une ossature bois et démontrent la place importante que peut occuper le matériau bois dans la construction résidentielle et tertiaire.

  • Le socle des émissions résiduelles dans ces constructions légères en CO2 (220 kgeCO2/m²) réside essentiellement dans les corps d’état secondaires. Il y a lieu d’envisager que les progrès sur l’ensemble de ces filières (revêtements, cloisons, plomberie, menuiserie, électricité, toiture,…) permettront de réduire les émissions globales de construction à près de 150 kg de CO2 par m² d’ici 2050.

En conséquence, nous préconisons dans un environnement recherchant les économies de CO2, de nous caler dès aujourd’hui (donc dès 2013) sur un objectif intermédiaire de 300 kg de CO2 par m². Ce seuil devant permettre d’éviter d’imposer le bois systématique et son principal inconvénient qui est l’absence d’inertie thermique et l’inconfort d’été en résultant. Avec 300 kg de CO2, une dalle en béton reste envisageable.

Nous préconisons également de porter cet objectif à 110 kg/m² d’ici 2050, soit 50% de l’optimum actuel qui n’utilise que des matériaux courants et non décarbonés de second œuvre.

Soit une moyenne de 205 kg de CO2 par m² construit en moyenne d’ici 2050.

Figure 3 : objectif à suivre en termes d’impact carbone des programmes immobilier de 2013 à 2050


Quelle incidences aura cette objectif sur les émissions nationales?

En France, le taux de renouvellement du parc immobilier est de l’ordre de 1% par an. En moyenne sur les 30 dernières années, c’est 325 000 logements qui ont été construits chaque année avec en 2006, une surface moyenne de 110 m² par logement (moyenne de 130 m² en maison individuelle et 71 m² par appartement), soit près de 36 millions de m²/an.

Figure 4 : nombre de logements construits par an depuis 1980

Ainsi, à l’heure actuelle, les émissions de CO2 induites par le secteur du « bâtiment – construction neuve », à raison de 550 kgCO2/m², représentent de l’ordre de 20 millions de tonnes de CO2 pour le seul secteur du logement.

Si l’on considère l’objectif proposé dès aujourd’hui de réorienter les choix constructifs selon les techniques actuelles déjà performantes du point de vue économique et technique, et proposant un contenu CO2 de l’ordre de 300 kgCO2/m², le potentiel à l’échelle nationale représente un gain rapide de l’ordre de 10 millions de tonnes de CO2/an (2% des émissions nationales de CO2).

En 2050, l’émission moyenne de 110 kg de CO2/m² pour la construction de logement, avec toujours 325 000 logements de 110 m² réalisés par an, représentera 4 millions de tonnes de CO2. Soit un gain de l'ordre de 15 millions de tonnes de CO2 sur le bilan national en 2050 par rapport à 2010

Comment amortir ces émissions pour son quota individuel ?

Que l’on construise à 450 kg de CO2/m², 300 kgCO2/m² ou même 105 kgCO2/m² comme on l’envisage en 2050, un logement pèsera tout de même de 10 à 30 tonnes de CO2. Même pour 2 ou 3 personnes, c’est trop pour un budget annuel individuel qui s’élève au total à 1400 kg de CO2. Il convient donc d’amortir cette charge et de la réintégrer au même titre que les charges de fonctionnement.

Dans cette approche, la durée d’amortissement est une question essentielle. Nous avons retenu 40 ans. C’est un âge courant que l’on rencontre lors des déconstructions des programmes ANRU.

  • Avec un impact à la construction de 300 kg de CO2 par m² (moyenne proposée pour le début de période, dès 2013), un logement de 110 m² pour 2,2 personnes représente une émission totale de 33 tonnes de CO2 soit encore de 15 tonnes de CO2 par habitant.

    Répartis sur une durée de 40 ans, cela représente une charge annuelle par personne de 375 kg de CO2/an.

  • Avec un impact à la construction ramené à 205 kg de CO2/m² (la moyenne suggérée entre 2010 et 2050), la charge annuelle est ramenée à 250 kg de CO2/an.

  • En prenant l’hypothèse d’un impact à la construction réduit à 110 kg de CO2/an (objectif à atteindre en 2050), la charge d’amortissement serait de 140 kg de CO2/an.

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