Une synthèse de 10 ans d'activité dans le conseil "énergie-CO2"

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Les émissions françaises de GES

Dernière version : janvier 2013

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Lecture rapide - Résumé de cette page

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  • En France (métropole+DOM), en 1990, nous sommes 57 millions d'habitants. On émet chacun en moyenne 7 tonnes de CO2 par an (du pétrole et du gaz), 1,2 teCO2 (tonne équivalent CO2) de méthane (les rots de vache), 1,6 teCO2 de protoxyde d'azote (utilisation d'engrais azoté) et 0,2 teCO2 de fluide frigorigène (climatisation). Soit 10 teCO2/an/personne en tout. Ceci n'intègre pas les émissions induites par ce que nous importons pour notre propre usage.

  • 20 ans plus tard, nous sommes 63 millions (+10%), mais nos émissions individuelles de GES ont baissé à 6,2 tonnes pour le CO2 (-10%), 0,9 teCO2 de méthane, 1 teCO2 de protoxyde d'azote. Les fluides de climatisation sont montés à 0,3 teCO2/an/personne. Soit 8,4 teCO2/an/personne, tout GES inclus (toujours sans tenir compte de nos importations qui elles ont augmenté).

  • En 2010, certains commencent aussi à comptabiliser ces émissions importées : Si la Chine brûle du charbon, c'est aussi pour produire ce que nous ne fabriquons plus, mais consommons toujours. La balance import-export rajoute 2,7 tonnes de CO2 au bilan de chacun.

  • En regardant de plus près :
    • les émissions perdues dans l'industrie ont été remplacées par une hausse des émissions du transport routier : ces variations se compensent. Les émissions Françaises de CO2 restent stables sur 20 ans, autour de 400 millions de tonnes de CO2 par an.
    • Les fuites fugitives de méthane dans l'industrie ont quasi disparu.
    • Les émissions de fluide frigorigène dans l'industrie ont été divisées par 5, mais celles induites par la généralisation de la climatisation dans l'automobile ont été multipliées par 100, et ont totalement effacé le gain dans l'industrie.


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    Lecture approfondie
    Les émissions françaises de GES

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    Les émissions de la France en 1990

    En 1990, les émissions de la France (Métropole + Guyane + Martinique + Guadeloupe + Réunion, hors UTCF[1]et pour 57 millions d'habitants) étaient les suivantes (source CITEPA) :


    • 395 millions de tonnes de CO2
    • 65 millions de teCO2 de CH4 (méthane)
    • 92 millions de teCO2 de N2O (protoxyde d'azote)
    • 10 millions de teCO2 de gaz frigorigène (HFC, PFC et SF6)

    • Soit un total de 562 millions de tonnes équivalent CO2 en 1990

    Nous proposons à ce stade d’imputer toutes ces émissions, et uniquement celles-ci (donc en zappant le bilan négatif de nos importations - exportations de GES), aux résidents en France [2] conformément à l’esprit du facteur 4 tel qu’il est en cours.
    En considérant la population de 1990 (57 millions d’habitants), on obtient alors les valeurs suivantes d’émission par personne :

    • 6 990 kg de CO2 par an,
    • 1 157 kgeCO2 de CH4 par an
    • 1 625 kgeCO2 de N2O par an.
    • 177 kgeCO2 de gaz frigorigène

    Soit comme point de départ pour 1990, une émission annuelle par personne de 7 tonnes de CO2 plus 3 teCO2 pour les autres gaz.


    Les émissions de la France en 2008


    En 2008, les émissions de la France recensées par le CITEPA sont les suivantes :

    • 391 millions de tonnes de CO2
    • 54 millions de teCO2 de CH4 (méthane)
    • 65 millions de teCO2 de N2O (protoxyde d'azote)
    • 16 millions de teCO2 de gaz frigorigène (HFC, PFC et SF6)

    • Soit un total de 526 millions de tonnes équivalent CO2 en 2005

    et ramenées par personne selon la population de 2008 (63 millions d’habitants) cela représente :

    • 6 206 kg de CO2 par an, soit -11% (par rapport à 1990)
    • 857 kgeCO2 de CH4 par an soit -26%
    • 1 034 kgeCO2 de N2O par an soit -36%.
    • 262 kgeCO2 de gaz frigorigène soit +48%

    Soit près de 20 ans après 1990, une émission annuelle par personne de 6,2 tonnes de CO2 plus 2,2 teCO2 pour les autres gaz en 2008, soit une baisse de 16% des émissions de GES par personne depuis 1990 (-11% sur le CO2, -27% sur les autres gaz).

    Il convient de noter qu’une étude de l’INSEE[3] produite en 2009 a étudié la balance des émissions importées pour le service de notre consommation finale, et celles destinées à la réexportation, et les émissions françaises destinées à l’exportation. Il ressort de cette étude que le panier CO2 de la consommation finale française s’élève à 550 millions de tCO2 contre 391 MtCO2 prises en compte ci-dessus. Autrement dit, les besoins en CO2 du français en 2008 pour répondre à sa demande de consommation finale s’élève en fait à 8 900 kgCO2 au lieu des 6200 kg précités. Cette étude porte cependant exclusivement sur le CO2.

    Comme on l’aborde ailleurs sur le site (ici), la balance du CH4 est légèrement favorable (équilibre production-consommation pour la viande bovine, excédant de production de lait) ce qui nous permet d’envisager que les émissions de méthane par personne, liées à notre consommation finale seraient inferieures ; elles seraient probablement de l’ordre de 780 kgeCO2(CH4) plutôt que les 857 kgeCO2(CH4) retenus ci avant. Egalement notre balance pour le N2O sera plus significativement excédentaire du fait que nos exportations de céréales représentent près de 50% de notre production nationale (avec des importations négligeables en face). Ainsi, 25% de notre production de N2O serait dédiée à l’exportation (environ 25% de la SAU française travaillant pour l’export), ce qui porterait les émissions du panier français à 775 kgeCO2(N2O) contre 1034 kgeCO2(N2O) retenus ci avant. Au final, notre panier d’émission correspondant à notre demande finale serait plutôt de l’ordre de 10,7 teCO2/personne/an quand nos émissions du territoire ramenées par personne totalisent plutôt 8,4 teCO2/personne/an.

    Figure 1 : émission de GES par personne - avec et sans les émissions importées



    Les principales évolutions de 1990 à 2008


    Les principaux faits marquant l’évolution des émissions de GES depuis 1990 sont :

    • Le CO2 : En volume, les émissions françaises de CO2 sont relativement stables depuis 20 ans avec des variations interannuelles limitées à 5%.
      • Il s’agit d’une balance d’environ 15 millions de tonnes économisées (-15%) dans l’industrie, de 12 millions de tonnes rajoutées (+10%) dans les transports (carburant) et une stagnation chaotique dans le bâtiment (le chauffage avec des variations de +ou-10% d’une année sur l’autre).
      • Les émissions de CO2 en 2008, c’est 3 ensembles pesant chacun pour 1/3 : le transport, l’industrie (hors électricité), le bâtiment (y compris sa consommation d'électricité).

    • Le CH4 : En valeur absolue, les émissions de CH4 ont baissé de 16% depuis 1990.
      • A hauteur de 66%, cette baisse provient d’une meilleur maîtrise des émissions fugitives des combustibles et une amélioration de la combustion des chaudières. Mais ces émissions ne représentent en 2008, que 6% du CH4 émis.
      • 75% des émissions restantes sont le fait de l’agriculture : la fermentation entérique des ruminants pour 50% et la décomposition anaérobie (sans oxygène) des déjections animales (fumier, lisier,…) pour 25%. Il n’y a pas eu d’évolution notable depuis 1990. Il n’y a pas de perspective révolutionnaire à venir, sauf à faire évoluer le choix de nos protéines pour ce qui concerne la fermentation entérique (se recentrer sur des animaux non ruminant - la volaille, le porc, et sur des protéines végétales).
      • Le traitement des déjections animales présente un potentiel important simple à mettre en œuvre et qui n’est pas exploité à ce jour. Le développement de la méthanisation (Les français en ont rêvé, les Allemands l'ont fait) pourrait être une piste salutaire sur ce poste

    • Le N2O : En volume, les émissions de N2O ont baissé de 30% depuis 1990.
      • A hauteur de 70%, cette baisse provient d’une division par 5 des émissions de N2O dans l’industrie chimique.
      • 75% des émissions restantes en 2008 sont les suites de l’utilisation d’engrais azotés en agriculture. On constate une baisse de 10% en 20 ans. Rien de révolutionnaire, mais déjà un début

    • Les Gaz Frigorigènes : En valeur absolue, les émissions de Gaz-F ont augmenté de 65% depuis 1990.
      • C’est le résultat d’une baisse de plus de 80% du principal poste émetteur en 1990 (94% du total des émissions à l’époque): il s'agit des émissions de l’industrie des métaux et des gaz fluorés grâce à une évolution des process (maitrise des fuites sur les grosses installations).
      • Et d’une multiplication par 100 des émissions liées au développement très rapide de la climatisation dans le tertiaire (2/3) et les voitures (1/3) avec des très petites installations. Les fluides de climatisation représentent 93% des émissions de Gaz-F en 2008 contre moins de 10% en 1990.

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    Ceci étant posé, nous vous proposons de poursuivre sur ce que représente l'objectif de Facteur 4 sur notre vie quotidienne

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    [1] UTCF : utilisation des terres, leur changement et la forêt. Nous faisons le choix méthodologique d’envisager l’objectif du facteur 4 sans tenir compte de l’impact de l’UTCF. Cela signifie qu’on considère positif de protéger et développer les pratiques forestières durables mais que ces évolutions qui dépendront probablement largement de conditions climatiques indépendantes des politiques publiques locales doivent être imputées ou bénéficier à l’ensemble de l’humanité. Ces effets ne doivent rien changer à l’impératif local de chaque nation de faire évoluer les modes de vie, en France comme au Brésil, en Indonésie, en Russie, aux Etats Unis. Pour tous ces pays, les UTCF sont des enjeux très significatifs dans leurs bilans nationaux globaux. Nous considérons ici qu’il s’agit d’un bien collectif.

    [2]Cela signifie qu’on négligera ici les effets de bords liés aux exportations et importations. Notre balance commerciale est déficitaire, tant du point de vue financier que du point de vue des GES. Cette approche présente l’inconvénient d’écarter les émissions induites par l’ensemble des biens que nous importons en France pour subvenir à notre propre demande. Délocaliser nos émissions n’est pas une solution durable. On verra par la suite comment rétablir ce biais. Selon notre approche « consommateur responsable », l’acheteur reste le premier responsable des émissions des fournisseurs auprès desquels il décide de se fournir, car le choix du client est la principale raison d’exister du fournisseur et de ses émissions.

    [3]Les émissions de CO2 du circuit économique en France :

    http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/ecofra10e.PDF

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